juillet 6

Sociogramme de Moreno: pourquoi vous allez l’aimer.

Sociogramme de Moreno: pour mieux comprendre vos équipes

La sociométrie en classe
Une institutrice entourée d’enfants BIEN MOTIVÉS

 

Vous vous demandez vraiment s’il existe une possibilité d’amélioré la productivité de vos équipes? Une possibilité qui ne nécessite pas une multitude de consultants? Alors continuez la lecture…

En tant que manager/leader votre effort consiste à atteindre avec le groupe des objectifs (fixés par le groupe ou la direction d’une entreprise) tout en faisant naître une cohésion d’équipe et en l’entretenant sur la durée. L’énergie d’un groupe se répartit donc sur la productivité et sur les relations.

Lorsque le groupe se construit, certains managers peuvent être déçus du résultat:

  • L’investissement est fort différent entre les membres de l’équipe;
  • des conflits peuvent survenir;
  • certains membres peuvent se voir rejeter;
  • d’autres leaders prennent le pouvoir;
  • les isolés sont encore plus isolés par les favoris

Ces constatations mettent en avant une évidence. La coopération, le respect et l’efficacité ne sont pas innés aux groupes. Ce n’est pas parce que l’on travaille ensemble que cela se passe bien.

Il y a bien évidemment des éléments rationnels qui permettent au chef d’offrir l’environnement le plus adéquat possible: formuler précisément un objectif, répartir les compétences de manière équitable, informer régulièrement, offrir les ressources matérielles nécessaires, mais le leader en question n’a peut-être pas conscience que ces conditions logiques sont loin d’être suffisantes pour assurer la réussite du groupe.

Tout peut sembler être réuni, et pourtant la mayonnaise ne prend pas.

Il existe un élément subjectif à prendre en compte. Si dans votre groupe, vous arrivez à former 3 équipes avec des membres qui s’entendent bien entre eux, alors cette affinité permettra probablement d’augmenter le moral du groupe et donc sa productivité. Les équipes formées utiliseront moins d’énergie à se débattre dans leur relation interne.

 

Avant de vous parler du sociogramme de Moreno, abordons l’affinité dans les groupes restreints.

Plusieurs théories ont tenté d’expliquer l’apparition des affinités et leur évolution… Voici quelques points communs.

1) Les affinités apparaissent très rapidement (similitude des caractéristiques individuelles, communauté d’intérêts ou de valeurs, similitudes des personnalités). Souvent dès la première phrase, dès les premières minutes, des relations se tissent.

2) Les favoris ont tendance à se choisir mutuellement… se qui isole encore plus les isolés.

3) Les affinités sont stables dans le temps… La proportion des pairs ne varie presque pas au cours des différentes rencontres. Si une paire se renforce (se voit plus souvent), c’est souvent au détriment d’une autre relation (nos ressources sont limitées). Cette hypothèse n’a pas encore été validée expérimentalement parlant.

Un peu plus bas, je vous dévoile une expérience où les affinités ont été détruite. Poursuivez votre lecture…

4) Les pairs d’adultes sont très stables.


L’expérience de Van Zelst prouve l’efficacité du sociogramme de Moreno.


74 charpentiers et maçons travaillant sur un grand chantier furent répartis dans des équipes de quatre en fonction des résultats du test de sociométrie qu’ils avaient rempli en amont.

Les résultats par rapport à la situation antérieure à la création de ces nouvelles équipes sont les suivants:

  • Amélioration de la satisfaction personnelle des équipiers.
  • Diminution de la rotation du personnel de 91%
  • Réduction des prix de revient de 5%

Je trouve ces résultats impressionnants, comptés l’effort investi et son retour sur investissement. J’imagine la résistance de changement assez faible car chacun est sensé améliorer sa situation personnelle.

Comment fonctionne le Sociogramme de Moreno?

Selon Moreno, les humains sont liés par 3 relations possibles (subjective): sympathie, antipathie et indifférence. Ces relations peuvent se mesurer à partir d’un questionnaire. L’analyse des résultats permet de modéliser un système (le groupe et ses membres). Ce système posé sur papier se nomme le sociogramme.


Il peut y avoir une multitude de structures possible. Certaines de ces structures donnent naissance à des phénomènes de groupe typique. Par exemple, la communication circule très rapidement et discrètement dans les sous-systèmes constitués de membres ayant de la sympathie pour les autres.

Alors que dans des sous-groupes essentiellement composés d’antipathie ou d’indifférence, l’information ne circule pas, ou peu. L’essentiel de l’énergie de l’équipe est utilisé à se protéger (ce que je peux dire, ce que je dois garder pour moi) et à gérer les autres membres, plutôt que de se diriger sur les challenges extérieurs (Simon Sinek en parle très bien dans son livre Leaders eat last). 

Pour récolter les informations, il est important que les membres donnent leur accord et qu’ils soient informés des perspectives concrètes dans un avenir proche. Si les membres soumis au questionnaire savent qu’ils vont se retrouver dans une nouvelle équipe avec des membres pour qui ils éprouvent de la sympathie, alors les résultats seront plus proches de la réalité.

Si en tant que chef vous souhaitez récolter les informations du groupe dans lequel vous faites partie, des résistances peuvent apparaître ou alors une altération du résultat, surtout si le moral n’est pas au top. Il faudra donc avoir une connaissance du groupe et des acteurs influents chez qui vous irez vendre votre projet.

Le lecteur attentif pourra se procurer l’ouvrage suivant: Manager par l’approche systémique de Dominique Bériot.


Question du test de sociométrie:

  1. Avec qui aimerais-tu travailler?
  2. Qui, penses-tu, aimerait travailler avec toi?
  3. Avec qui n’aimerais-tu pas travailler?
  4. Qui, penses-tu n’aimerais pas travailler avec toi?

Ensuite, vous pouvez visualiser le sociogramme à main levée, ou en utilisant le programme gratuit Visone.

Ce qui donne naissance à un schéma de la sorte:

Sociogramme de Moreno
Voici les relations d’un groupe visualisées: document complet -> http://bit.ly/1KLdeID

Qui reporté dans un tableau, permettra de mettre en évidence les leaders et ceux qui ne laissent pas indifférents.

Sociogramme de Moreno en tableau
Document complet -> http://bit.ly/1KLdeID

Le tableau sociométrique permet de procéder à la recomposition des équipes et permet d’augmenter sensiblement le moral. Comment?

  1. Commencer par définir la taille d’une équipe;
  2. Premièrement, placer les isolés, si possible avec leur premier choix. Ne jamais mettre deux isolés dans la même équipe;
  3. Répartir les individus qui ont reçu un seul choix positif. Si il y a choix réciproque, tentez de placer les individus ensemble (ceux qui s’aiment ensemble);
  4. Continuer de la manière suivante: donnez la priorité à ceux qui ont reçu le moins de choix. Pour terminer avec ceux qui en ont le plus. Ceux qui ont reçu le plus de choix se retrouveront avec plus de choix.

Principes importants:

  • Faites des tests
  • Essayez toujours de satisfaire plus de deux choix. C’est une base de sécurité sociale;
  • Tentez de diminuer les clivages importants (par exemple sexe, ethnicité, âge, classe sociale);
  • Évitez de former des équipes avec des individus qui se rejettent mutuellement.

Sociométrie de Moreno, ses limites.


J. Maisonneuve souligne les limites de cette méthode:

1) elle laisse entiers les problèmes d’interprétations
2) elle saisit les repères, mais pas les processus mêmes de l’interaction
3) elle ne prend pas en compte les facteurs personnels et sociaux qui déterminent la forme et le contenu des relations.

En gros, on ne connait pas la cause des affinités.

 


Est-il possible de remanier les affinités dans un groupe après leur constitution?


Une expérience conduite par Muzafer Sherif, met en évidence l’influence du contexte sur les relations.

Un groupe d’enfants qui ne se connaissaient pas ont été mis ensemble dans un camp d’été. Après quelques jours, les pairs se sont formés et le test de sociométrie a été effectué.

Après cette première partie, les enfants furent séparés et les relations détruites. La colonie fût divisée en 2 camps. Chacun des groupes se restructura en fonction des ressources disponibles et des situations.

Un deuxième test sociométrique fût appliqué quelques jours après ce clivage et démontra un renversement presque total envers les choix initiaux.

Dans la partie 3, les deux sous-groupe ont été mis en compétition et situation de concurrence, l’hostilité envers le groupe opposé augmenta sensiblement .

Tout ça pour dire que la cohésion d’un groupe ne repose pas uniquement sur des facteurs relationnels, mais également situations sur lequel on n’a pas ou peu d’impact.


Conclusion:


À utiliser en fonction de la situation. L’expérience de Van Zelst montre des chiffres qui méritent l’attention des managers. Une corde de plus à rajouter à notre arc.

Bonne continuation et merci pour votre lecture.

Julien Leader & Blogueur 

Sources:

Leaders eat Last – Simon Sinek (anglais)
La démarche d’une recherche en sciences humaines – François Dépelteau (notamment pour la difficulté du recueil d’infos)
La dynamique des groupes restreints – Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin
Manager par l’approche systémique de Dominique Bériot

Photo: http://nos.twnsnd.co/


Tags

dynamique de groupes, Sociogramme de Moreno, test sociométrique


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  1. Salut Julien !

    Très intéressant comme article (tout comme le précédent), cela dit je ne suis pas en situation où je gère une équipe mais on trouve des groupes partout.

    Tu évoques l’expérience de Van Zelst, très parlante ! Je pense effectivement que plus il y a une bonne dynamique au sein d’un groupe, et plus c’est « productif » au sens large.

    Lorsque des individus s’entendent bien ensemble, ont confiance les uns envers les autres et se respectent, cela va beaucoup mieux que l’inverse !

    Et le fait de modifier même ce qui pourrait paraitre de façon légère la dynamique d’un groupe peut entrainer des effets négatifs, comme ceux que tu décris avec le fait que l’énergie est utilisée à se protéger.

    Selon moi, le test de sociométrie doit être effectué par quelqu’un d’externe à la structure pour éviter d’éventuels conflits/ressentis. Je veux dire que les choix demandés (avec qui tu aimerais travailler/pas travailler, etc.) doivent au maximum rester confidentiels pour ne pas impacter les groupes bien construits ensuite. Comme tu vois ça toi ? Penses-tu qu’un leader peut faire faire ce test tout en restant ensuite dans une attitude/parole neutre ? (ne pas tenir compte et ne pas faire savoir ce que chacun a exprimé).

    En tous les cas, encore un de tes articles lié au leadership pour lequel je me dis : punaise mais si ceux qui sont en position de leader pouvaient lire et appliquer ces concepts, ça irait beaucoup mieux dans de nombreuses sociétés (mieux-être des individus impliqués, meilleurs résultats, etc.)

    Pas de tartine cette fois-ci ^^

    Bonne soirée/fin de semaine 🙂
    Marine

  2. Salut Marine!

    Oui j’ai décidé de me recentrer sur les groupes et le leader car c’est de ça que je parle au départ. Je suis aussi dans ce contexte, sans oublier quelques lectures qui m’ont permis de mettre des mots sur ce que j’avais devant les yeux.

    « Je veux dire que les choix demandés (avec qui tu aimerais travailler/pas travailler, etc.) doivent au maximum rester confidentiels pour ne pas impacter les groupes bien construits ensuite. Comment tu vois ça toi ?  » Honnêtement, c’est une excellente question qui pourrait même faire l’objet d’expérience dans un futur proche.

    Je pense que le leader a un nombre de variante énorme pour mettre en place ce sociogramme. Cela dépendra d’un nombre de facteurs encore plus grand: comment est-il perçu par les membres du groupe? Comment dirige-t-il? Quelle est sa ligne de conduite? Est-il prêt à accepter l’échec de l’expérience si cela se produit?

    Pour ma part, je ne vois pas de problème à priori. Mais il faudra l’amener d’une manière à ce que le groupe le voit comme une expérience, un truc à tester où tout le monde peut ressortir gagnant. Il faut vraiment mettre l’accent sur l’avantage du GROUPE et pas de certains membres.

    « Penses-tu qu’un leader peut faire faire ce test tout en restant ensuite dans une attitude/parole neutre ? (ne pas tenir compte et ne pas faire savoir ce que chacun a exprimé). » -> Le leader attentif remarquera les affinités entre les membres de son équipe bien avant d’analyser les réponses récoltées. Je pense que l’on peut rester neutre dans cette situation ouai, il suffit de ne pas juger les relations inter-individuelles et respecter le choix des gens.

    L’avantage pour le manager/leader qui souhaite mettre cela en place, c’est qu’il est théoriquement bien placé pour connaître les résistances probables de certains membres du groupe. Il pourra donc agir en amont.

    Si j’ai parlé du sociogramme de Moreno, c’est que je souhaite faire le test prochainement, mais uniquement dans quelques équipes test.

    Donc il y aura du retour.

    Ce n’était que l’introduction.

    À bientôt et merci pour ton suivi régulier et tes questions pertinentes.

    Julien

  3. Bonsoir Julien 🙂

    C’est bien de coller à ta situation du moment, comme ça tu es au plus proche de ce dont tu parles dans tes articles, puisque tu le vis ! Du coup c’est intéressant d’avoir un vrai retour d’expérience sur le sujet.

    « Je pense que le leader a un nombre de variante énorme pour mettre en place ce sociogramme. »

    Hum, effectivement, ça dépend de beaucoup de facteurs, y’a leader et leader aussi, enfin, est-ce qu’une personne en position de leadership est forcément un leader ? Je ne crois pas. Donc oui son appréhension de son groupe, sa façon de diriger, d’être, etc. entre forcément en jeu dans la mise en place du sociogramme. Mais le responsable de groupe, dans le cadre d’un « test » comme celui-ci, doit avoir une vue assez claire et objectif de lui-même (en tant que responsable) et de ses équipes. Ce n’est pas forcément le cas. Cela dit, est-ce que ce type de personne va même ne serait-ce que penser à essayer d’améliorer les choses ? Pas sûr…

    Merci pour ton point de vue en tout cas, et oui pour présenter ça au groupe, il faut à mon sens pour que ce soit bien perçu (et non vu comme une sanction ou autre) mettre l’accent sur les bénéfices du groupe, pour chaque individu qui le composent.

    Ah c’est cool si tu vas mettre ça en place et nous en faire part, ça va vraiment être un retour de terrain « vrai » et non théorique (en fait je pensais que tu l’avais déjà testé).

    Bon week-end !
    @+

  4. Ciao Marine!

    « Je pense que le leader a un nombre de variante énorme pour mettre en place ce sociogramme. »

    « est-ce qu’une personne en position de leadership est forcément un leader ? » Non tu as raison.

    « Cela dit, est-ce que ce type de personne va même ne serait-ce que penser à essayer d’améliorer les choses ? » Là encore, tout dépend de ses véritables intentions / Compétences (d’observation)

    Pas encore testé, mais lorsqu’il s’agit de mettre des gens ensemble, je fais cela en fonction du chemin que prend l’information entre les gens. L’information organise les gens entre eux.

    Ups! Je m’avance sur le prochain article 😉

    À bientôt

  5. Bonjour Julien,
    Je suis actuellement en BTS SP3S et nous étudions ce modèle de communication, nous nous interessons plus au créateur (Jacob Moreno), cependant j’ai un peu de mal a comprendre le principe de ce modèle, est-ce pour créer des affinités entre les personnes ou est-ce pour créer des groupes en fonction des affinités?
  6. Bonjour Alyson,

    Ce modèle est pour créer des groupes en fonction des affinités. Mais vu que l’ambiance du groupe s’améliore, il se peut que des affinités entre les personnes se créent par la suite.

    J.

  7. Est-ce que les affinités sont suffisants pour créer un groupe ? Les résistances se font durant la constitution du groupe et durant la participation du groupe, de la communauté de pratique et ou d’intérêt. Respecter le choix de gens n’est pas une évidence pour tout le monde, les luttes et conflits se créent en fonction du nombre de participants et du rôle qu’il veut bien endosser. Les rôles changent en fonction de la maturité du groupe ou de la communauté.
    La Question du test de sociométrie:

    Avec qui aimerais-tu travailler?
    Qui, penses-tu, aimerait travailler avec toi?
    Avec qui n’aimerais-tu pas travailler?
    Qui, penses-tu n’aimerais pas travailler avec toi?

    est primordial mais la question primordial est le comment je vais retrouver des réseaux, des participants motivés dans le temps sur le Net.
    Je te mets en lien un lien hypertexte sur les outils collaboratifs et tu y trouveras des informations de comment créer un groupe selon jean michel cornu.
    https://trello.com/b/rKn1DdAf/cours-en-ligne-outils-collaboratifs

  8. Salut !

    Merci pour ton retour pertinent! Je vais mettre ton lien dans mes ressources.
    As-tu un site web?

    Julien

  9. salut!
    comment pourrai-faire une enquête sur l’importance de la sociométrie dans le domaine académique sur la recherche des étudiants populaires,isolés ou rejetés par le groupe? et que comportement adopter pour les réintégrer?
  10. Bonjour Julien,
    Je voudrais savoir si on peut appliquer ce test à des adultes ? (au dessus de 30 ans).
    sinon, y aurait il un test que je peux appliquer à des adultes pour savoir leur intégration sociale.
    Salutations
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