Des gens m’écrivent pour me demander comment appliquer mes conseils alors que leur environnement n’est pas propice à une évolution personnelle.
Souvent, nous nous sommes engagés dans la vie et il est difficile de faire un changement de rupture. C’est-à-dire de prendre son sac à dos et d’aller vivre ailleurs. De tout plaquer et partir.
Certains lecteurs de la newsletter m’expliquent qu’ils aimeraient bien, mais ils ne se sentent pas capables de le faire. Ils ont des enfants, un couple, une situation professionnelle qui leur permet de payer les factures. Ces éléments imbriqués empêchent une progression rapide. Ce système qu’ils ont construit les bloque.
Dans ma formation sur la gestion du temps, Thomas m’a demandé comment il pouvait avoir plus de temps, alors qu’au travail tout est structuré. Contrôlé. Surveillé.
Vous le savez probablement, il y a une grosse différence entre en avoir envie, se sentir capable et être prêt. Je ne souhaite pas approfondir tous ces sujets dans ces quelques lignes.
Abordons simplement la dimension « se sentir capable ».
Si vous constatez que votre situation actuelle ne vous convient pas, vous aurez sûrement envie de changer. Mais si le résultat que vous souhaitez atteindre est totalement différent que la position où vous vous trouvez aujourd’hui, il peut arriver un élément fâcheux:
1) vous paralysez à l’idée de commencer (et donc vous repoussez sans cesse)
2) Vous renforcez votre engagement et vous justifiez vos émotions avec votre logique « OK, finalement ma situation est plutôt bien. Regarde Sylvie, elle est vraiment dans la merde je devrais plutôt être content d’avoir du travail. »
Pour tenter d’éviter ces blocages, je vous propose de recadrer votre manière de voir la chose. Ce n’est pas vraiment le fait d’être physiquement en haut d’une montagne qui est exaltant.
C’est la montée de cette montagne, et la personne que vous êtes devenu durant cette ascension, qui prend beaucoup de sens.
Si je prends le fils à papa blindé de fric et l’entrepreneur couronné de succès (et blindé de fric également), les probabilités sont élevées que je trouve l’entrepreneur à succès plus intéressant. Plus inspirant. Pourtant en terme d’argent leurs comptes en banque peuvent être identiques. Quantitativement, ils sont les deux au même montant.
La différence: l’entrepreneur s’est construit. Il a gagné en profondeur. Durant des années, il a suivi son chemin, étape par étape. Il s’est confronté à la solitude et à ses doutes.
Revenons à notre montagne: si vous prenez un hélicoptère pour arriver au sommet, ou si vous faites l’ascension à pied, la photo sera identique.
Par contre, la montée à pied et sa préparation vous auront enseigné comment gérer votre mental, comment améliorer votre résistance physique, quel matériel prendre. Vous aurez côtoyé des personnes qui l’auront fait avant vous. Cette montée aura beaucoup plus de saveur que la photo finale (qui est finalement la partie visible du succès).
Revenons à Thomas ou à notre mère de famille, tous deux bloqués dans une situation qu’ils ne souhaitent plus, pour 10’000 raisons que la boîte noire que représente l’humain ne saurait dévoiler.
Comment changer de voie? Tout plaquer et partir ou évoluer?
Un ami m’a dit qu’il y a deux moyens d’entrer dans de l’eau glaciale. Prendre l’échelle au bord du bassin, entrez les pieds, les genoux, descendre gentiment pour arriver au moment très difficile (les hommes vous voyez de quoi je veux parler) et ensuite continuer à descendre jusqu’à être complètement immergé.
L’autre solution est de monter sur le plongeoir et de sauter.
Vous venez de parcourir et d’imaginer les 2 types de changement possible: évolution et rupture.
Si celui par rupture apporte plus de résultats, la société dans laquelle on vit ne le rend pas toujours possible: facture à payer, enfants à charge, réseau social, contrats divers.
Il faudra donc opter pour un changement de type évolutif. Les changements de vie sont généralement fait sur un coup de tête, ou lorsque l’on est au pied du mur. Je garde cette option comme voie de secours.
Je considère le changement que j’opère comme évolutif. J’ai fait un apprentissage de paysagiste, j’ai bossé sur des chantiers, puis étape par étape j’ai réussi à me détacher du système, à me procurer ce qu’il me fallait pour laisser la pelle et la brouette à quelqu’un d’autre.
Pour passer du chantier à l’organisation internationale, dans laquelle je gère une équipe avec mes interprètes, il faut réfléchir en amont. Être entêté. Aimer les doutes.
Je ne vais pas vous dire quoi faire, puisque chacun est dans un environnement précis. Par contre, je vais vous donner le principe que j’utilise et que je continue d’utiliser depuis maintenant quelques années.
Je commence mes journées par travailler sur moi.
Ce principe est l’un des plus puissants, car il vous offre une ressource limitée. Le temps.
Tout s’inscrit dans le temps.
Si vous n’avez jamais pensé à commencer vos journées à travailler sur vous, cela peut vous sembler bizarre. Mais réfléchissez à ce que vous faites actuellement:
Vous êtes probablement en train de travailler pour les objectifs de quelqu’un d’autre, avant vos objectifs personnels.
Vous vous levez, vous sautez dans la voiture ou dans le métro et vous allez travailler pour une personne qui applique très certainement mon principe à merveille.
Ensuite la journée passe et vous rentrez. Si vous avez assez d’énergie, vous irez faire du sport pour décompresser. Mais en fin de journée, votre énergie est faible et vous avez évidemment moins de motivation pour vos objectifs.
Alors vous abandonnez, vous repoussez et vous espérez que demain ira mieux.
Certaines personnes cherchent à utiliser des remèdes: elles font des siestes au milieu de la journée, boivent du café pour tenir, cherchent à être plus efficaces au travail pour en faire moins, mais mieux.
Il y a une manière plus efficace pour y parvenir. Commencez vos journées par investir une ressource limitée sur la personne la plus importante. Investissez du temps sur vous. De cette manière, les imprévus seront plus facilement acceptables, vous serez disponibles pour les autres et tout ira mieux. Car le plus important aura déjà été fait.
Quoi de plus pénible que de devoir repousser une activité prévue le soir à cause d’un imprévu?
Ce n’est pas facile. Mais ce qui émerge des quelques années passées sur Terre, c’est qu’il faut s’habituer à souffrir. Il faut apprécier cette douleur qui nous prouve que l’on avance. Que l’on continue de pédaler.
À force d’investir sur vous, vous développerez des compétences utiles à passer au niveau supérieur.
Par exemple, en faisant du sport, vous deviendrez créatif. Vous serez plus agréable avec les autres durant votre journée. Plus zen et moins stressé.
Si vous faites un cours du soir et que chaque matin vous répétez vos cours avant d’aller au travail (comme je l’ai fait 2 ans) alors vous obtiendrez votre brevet plus rapidement.
Cela ne vous empêche pas de faire des siestes.
Avec patience, vous aurez la possibilité de vous détacher du contexte dans lequel vous vous trouvez pour petit à petit, entrer dans l’étape suivante.
Cela vous permettra par exemple de trouver un travail moins contrôlé, un travail où votre chef vous laisse de l’autonomie, tant que les objectifs sont atteints. Tant que la qualité est au rendez-vous.
L’autonomie est l’un des facteurs de motivation les plus puissants. Votre chef y gagne et de votre côté vous pouvez gérer votre temps au travail pour continuer à investir sur vous. Certaines entreprises n’ont pas d’horaires fixes. Les employés y viennent quand ils veulent.
Une place de travail que vous devez éviter pour pouvoir changer de niveau, c’est celle qui vous explique COMMENT travailler, plutôt que QUOI atteindre.
Mais vous n’en êtes peut-être pas encore là.
Pensez au chemin.
Pensez à commencer vos journées sur vous. Cette habitude transformera votre vie. Plus le temps passe et plus je le constate. Mais n’attendez pas des résultats phénoménaux dès les premiers jours. J’ai eu mes premiers résultats après plusieurs mois.
Voici comment je commence mes journées:
- Réveil, écriture, sport, lecture, méditation. Ensuite j’allume mon smartphone et je deviens accessible aux autres.
Voici ce que j’évite durant mes journées:
- Consommer de la merde (les presses à scandales, la tv, mon fil d’actualité, le sucre, le gras)
Voici ce que je favorise durant mes journées:
Consommer de la qualité pour produire de la qualité. Je me conçois comme une boîte noire qui produit en fonction de ce que je laisse rentrer en elle.
Tout plaquer et partir, une solution?
Comme je l’ai déjà dit, je pense qu’il y a d’autres possibilités à tester avant. Ce serait con de plonger dans un bassin vide.
Et vous? Comment commencez-vous vos journées?
Cool cet article qui ne tombe pas dans le classique « ben tant pis pour ta gueule si t’en es là où tu es et que tu veux pas bouger ! »
« il y a une grosse différence entre en avoir envie, se sentir capable et être prêt. »
C’est clair et ça s’applique à de nombreuses choses en fait, notamment lorsque l’on souhaite intégrer une nouvelle habitude ou modifier son comportement.
En fait, il est je crois essentiel d’apprécier le chemin car même si le bout de la route ne correspond pas à ce qu’on attendait au départ (ça peut être en mieux ou en moins bien, encore que tout cela est très relatif), eh bien on n’aura pas perdu nos ressources « pour rien ».
Partager avec nous le chemin que tu as pris, notamment pour ce qui concerne l’aspect « études » est très intéressant car il montre qu’on peut avoir un gros objectif mais que pour autant, ça se fait pas comme dans les films en un claquement de doigt, oui ça peut être très long, chiant et dur, en théorie comme en pratique, d’où l’importance d’avoir une forte motivation/conviction/persévérance personnelle, et d’apprécier le parcours.
Comme tu le dis souvent, et je suis d’accord, on est la personne la plus importante de notre vie, et donc ça parait logique de nous faire passer en premier si je puis dire, dans notre journée notamment. Logique, mais le fait-on, consciemment ou non ? Plus facile à dire qu’à faire, mais commencer par quelques minutes consacrées à soi le matin, ça change beaucoup de choses.
« L’autonomie est l’un des facteurs de motivation les plus puissants. »
Entièrement d’accord, d’ailleurs j’ai l’impression que c’est ce que les gens recherchent de plus en plus. C’était expliqué dans le documentaire sur le Bonheur au travail (Arte), on est loin du temps où les gens n’avaient pas de diplômes et devaient travailler sur des tâches très répétitives toute la journée à l’usine, on veut et on a besoin d’autre chose. L’autonomie, c’est aussi une acceptation/reconnaissance de l’individu en tant qu’être unique et ce qu’il peut apporter à ce niveau. Ce qui va bien pour X n’ira pas forcément bien pour Y et vice versa.
« N’attendez pas des résultats phénoménaux dès les premiers jours. »
C’est valable pour tellement de choses dans la vie, mais il est utile de le rappeler à l’heure du toujours plus toujours plus vite toujours plus immédiat. S’il suffisait de faire 10 pompes pour avoir des abdos béton dès le lendemain, ça se saurait !
Tu écris que tu commences tes journées pour toi et qu’ensuite tu te rends accessible aux autres. Clé très importante selon moi. J’ajouterai qu’on n’est pas obligé d’être accessible aux autres tout le temps, dès que eux le veulent (appel téléphonique, mail, etc. – du moins d’un point de vue personnel, on n’a pas forcément cette latitude au travail). Ça tient presque de l’esclavagisme pour certains vis-à-vis de leur Smartphone (ce dernier étant le maitre)…
Bonne soirée !
« il y a une grosse différence entre en avoir envie, se sentir capable et être prêt. » -> dans l’entretien motivationnel il en parle bien^^
Je vais écourter car mes yeux piquent, mais… quand ouvres-tu un blogue? 😀