Conseil: Utilisez le bullet journal au travail comme le font la majorité des blogueurs (blogueuses?) afin de perdre du temps (mais en faisant croire que vous êtes bien organisé).
Vous avez trop de temps? Vous ne savez pas quoi faire de vos journées? Vous faites du présentéisme? Ou alors vous attendez que votre nounou ramène vos enfants à la maison? Vous avez passé 3 fois l’aspirateur, appelé 8 fois votre mère et votre mari est bloqué dans les bouchons?
Pas de panique…
Apprenez à utiliser le bullet journal au travail afin de perdre votre temps.
Cliché?
Pas tant que ça. Récemment, sur M6, on pouvait découvrir une française utiliser le bullet journal afin de ne pas oublier d’arroser les hortensias. Depuis quelque temps, on peut voir pas mal d’internautes commencer le Bullet journal afin de gérer les taches personnelles et professionnelles. Phénomène de mode?
Le problème, c’est que l’on met trop souvent l’outil sur un piédestal plutôt que mener une réflexion sur sa relation au temps et à l’organisation. Jetez des taches dans un cahier et faire de zolis dessins, ça fait du bien à la conscience. On a vraiment l’impression d’avancer 🙂
Par expérience, ce n’est pas le plan, l’organisation papier ou l’objectif qui pose problème. C’est l’exécution dans un quotidien surchargé.
Le bullet journal ne vous aidera pas à gérer l’ouragan d’activités quotidiennes urgentes et tentantes.
Le bullet journal ne vous apprendra pas à dire non (à vous et aux autres). Le bullet journal ne vous aide pas à prendre des décisions et à prioriser.
Le bullet journal est à l’organisateur, ce qu’est le couteau au cuisinier. Un outil qui lui permet de faire son job. Mais si le cuisinier doit aiguiser son couteau à chaque utilisation, l’outil devient problématique.
Ensuite, la nouveauté vient se greffer dessus. Les médias remettent au goût du jour un concept vieux comme le stylo et le crayon: la codification (je parle de cet aspect un peu plus loin).
Et nous avons donc une cohorte de gens désorganisés, ennuyés ou amusés qui veulent tester un nouvel outil. Fondamentalement, je trouve cela BIEN. C’est avec la pratique que l’on développe un système personnel d’organisation.
Si vous lisez ce qui se fait ici, vous savez à quel point je vous recommande de faire des tests pour trouver votre manière de fonctionner et y attacher les outils adéquats.
Mais on arrête les conneries et on coupe la TV.
Si vous souhaitez produire massivement des résultats (autre que ranger l’armoire à bébé correctement, ne pas oublier de sortir les poubelles ou encore ranger correctement l’armoire à habit) je vous recommande d’éviter d’utiliser le bullet journal comme une oeuvre d’art.
Dans ma conception des choses, un système d’organisation personnel sert avant tout à l’économie de ressources personnelles, chose pour laquelle l’humain est excellent (au point de rejeter toutes les croyances qui vont à l’encontre de celles déjà en place, car évidemment, cela demande un peu plus de ressources à traiter. Je vous recommande cet article en anglais sur les biais cognitifs, histoire de pousser la réflexion bien plus loin).
Un bullet journal ne déroge pas à la règle:
il utilise une codification basée sur des puces pour réduire la place prise par des informations qui reviennent régulièrement (rendez-vous, tâches, exécuté, déplacé, etc) et vous donne un aperçu sur ce qui arrive dans la semaine, mois, année.
Là où j’ai un peu plus de problèmes, c’est en imaginant le temps que passent certaines personnes à transformer ce journal en oeuvre d’art (Ahhhh si le temps était une ressource transférable… )
Honnêtement, vous avez déjà vu une boss, un manager ou une personne occupée à produire des choses importantes, s’amuser à dessiner et rendre joli son outil d’organisation? Qui peut se permettre de faire cela? 😉
Retour sur quelques mois d’utilisation (utile du bullet journal)
Bon pour ne pas vous laissez seul(e) avec ma question sournoise, je vous propose de partager avec vous quelques enseignements issus de l’utilisation intensive du bullet journal.
- Je n’ai pas fait un seul dessin et je n’ai jamais eu en tête le côté design de mon journal. J’ai tourné une vidéo qui vous explique comment monter votre bullet journal. Jetez-y un oeil et vous aurez mal au bide comme lili, la lectrice qui a mal de me voir écrire comme un cochon dans mon agenda.
- Les puces peuvent être remplacées.
- J’avais tendance à mettre de côté les objectifs importants (social, santé, mental, spirituel)
- J’avais de la peine à visualiser mes journées contrairement à l’agenda BLOC. Et vous?
- Problème de sauvegarde, parfois résolu en prenant une photo de mon agenda, mais problème à tenir à jour la numérisation des photos…. À mon avis, quand on utilise un agenda papier, on accepte le risque de tout perdre en se le faisant voler. Jouons dangereusement un peu voyons 😉
- La priorisation n’est pas faite. Ce n’est pas important, car je fonctionne par période « début de la journée: important/moi » Fin de la journée « urgences/les autres». Mais pour Kamel (aussi un commentateur intelligent qui a publié des infos pertinentes ici) un système de codification à la GTD (il me semble) est important. Pour moi, c’est une perte de temps.
- Le bullet journal permet pas mal de personnalisations (logique c’est un cahier avec un stylo) et je juge pertinent de travailler par période, d’une manière générale. Un temps défini pour se connecter, un temps défini pour bosser de manière intense, un temps pour les autres.
- Il me manque un aperçu des mesures prédictives que je mets en place quotidiennement pour atteindre mon objectif (combler le trou entre votre objectif smart et le moment où vous définissez l’objectif)
Conclusion, le bullet journal, un bien ou un mal?
Ni l’un ni l’autre. Le bullet journal n’est rien de plus qu’un outil de classification des données en fonction de codes (puces). Il ne remplace pas une réflexion profonde sur votre manière de réaliser vos activités dans un certain ordre. Il ne remplace pas la réflexion à mener sur votre quotidien (gérer les activités urgentes et tentantes).
Mais sa mise en avant par la TV et différents médias permettent aux gens de s’intéresser à leur système d’organisation personnel, et ça c’est top.
Conseil: ne culpabilisez pas à l’idée d’utiliser votre bullet journal pour ce qu’il est: un outil destiné à vous faire économiser des ressources plutôt qu’un outil à afficher sur un blog.
J.
Suite à mon utilisation intensive du bullet journal au travail, à l’utilisation d’un Filofax, à la matrice de Stephen Covey (Priorité aux priorités) et suite à la lecture de l’ouvrage DEEP WORK de Cal Newport (ouvrage qui vous aide à gérer l’infobésité), j’ai mis sur pied l’agenda BLOC.
Je vous donne tous les détails derrière ce clic.
http://www.6play.fr/le-1945-p_1058/un-nouveau-quotidien-dans-votre-vie-c_11599930
Excellent le titre et l’intro 😉
« on met trop souvent l’outil sur un piédestal plutôt que mener une réflexion sur sa relation au temps et à l’organisation »
Disons qu’on pense que l’outil va tout résoudre. Suffit de bien l’utiliser.
Ce n’est pas parce que ton agenda/carnet est rempli à craquer d’écriture que t’as fichu quelque chose de vraiment concret et important dans ta journée.
Mais ça fait mieux que d’avoir un agenda moins rempli et d’avancer.
Tu met le doigt sur un truc essentiel, c’est avant tout l’état d’esprit, la façon de penser l’organisation qui est importante. Ensuite on trouve le ou les outils adaptés à nos paramètres à nous du moment.
« Le bullet journal ne vous aide pas à prendre des décisions et à prioriser. »
C’est un outil qui n’est pas forcément fait pour, tout dépend de la logique que l’on utilise derrière, de comment on s’en sert. Comme tout outil quoi.
« je vous recommande d’éviter d’utiliser le bullet journal comme une oeuvre d’art »
j’en vois qui font ça avec leur agenda type filofax, personnalisation à l’extrême avec quantités de couleur, dessins, scotchs et compagnie. C’est OK que ce soit un hobby, mais je me demande du coup si beaucoup de temps n’est pas « perdu » à vouloir personnaliser à fond, si la personnalisation n’est pas « l’excuse » de l’utilisation de l’agenda quoi.
Je n’ai pas essayé le bullet journal, pour l’instant le système d’agenda que j’utilise (idée donnée sur ce blog grâce à une vidéo, merci!) me convient.
Le problème en gros c’est qu’on focalise souvent trop sur l’outil, le gadget, l’astuce plutôt que de penser global. On a l’air de faire des choses, on est occupé, mais pas productif.
Le cerveau aime beaucoup la distraction, ce qui amusant : nouvel outil/objet, mais (« trop », mais qu’est-ce que le « trop »?) personnaliser outil/objet peut nous faire dévier de l’objectif en nous donnant « bonne conscience ».
Un exemple que prend souvent Olivier Roland : tu peux être occupé à pousser la Tour Eiffel de toutes tes forces pendant 1 jour, pendant 15 ans, ce ne sera pas du tout productif.
Excellente fin de semaine 🙂
Je connais pas vraiment Olivier en fait.. même si j’ai publié un article récemment chez lui. Je crois qu’il aide les gens à devenir une meilleure version d’eux et c’est top.
Pour ma part, je suis un type qui ne fait pas trop gaffe au détail et j’écris comme un porc dans mon agenda / prise de note.
Les gens ne savent pas comment je m’y retrouve dans mes notes d’ailleurs. Et même moi je ne sais pas comment je fais. Il faudrait que j’analyse le truc de plus près un jour… mais parfois ce manque de conscience (manque de perfection) je le paie > cette semaine j’ai eu un commentaire d’un client borné qui a réussi à acheter mon agenda BLOC après 5 tentatives et plusieurs échanges de mails.
Je me soigne, je cherche des gens meilleurs que moi.
Belle soirée.
J.