février 8

Votre Réalité Invisible.

10  comments

J’ai raison et tu as tort !

Et si vous aviez tous les deux raisons ?

Tous les jours nous communiquons. Un principe de la communication c’est qu’il est impossible de ne pas communiquer. Si je reste muet, vous interpréterez mon silence d’une certaine manière.

Afin de rendre notre communication la plus efficace possible (c’est-à-dire réduire au maximum la perte de contenu entre l’émetteur et le récepteur) il est important de connaitre les sources potentielles de distorsion.

Je vais vous dire quelque chose qui n’est pas agréable à entendre. Surtout si c’est la première fois.

La réalité n’existe pas.

Réalité

Beaucoup de gens pensent leur manière de voir le monde est la même pour tous. Alors qu’en fait, chacun à sa propre vision. La réalité existe, mais personne n’arrive à la voir. Sans biais cognitif. Sans déformations.

Cette idée est à la base de beaucoup de conflits. Le nombre de fois où j’étais persuadé d’avoir raison. Finalement, même avec cet espace (ce blog), j’aborde la réalité qui est ma réalité personnelle. J’accepte aussi les gens qui pensent que je fais faux.

Le choc n’est pas trop dur ? C’est con les prises de conscience… par la suite on peut difficilement ignorer une prise de conscience. À présent, vous écouterez les gens parler, vous repenserez à ce que je vais dire : chacun défend sa réalité. Son monde.

Pourquoi déforme-t-on la réalité?

L’environnement dans lequel nous vivons est bourré d’informations. Il y a tellement d’infos que toutes les traiter prendrait un temps fou. Si l’on compare notre cerveau à un ordinateur, celui-ci surchaufferait très rapidement et deviendrait inutilisable.

Alors, notre cerveau utilise des filtres (j’explique plus bas les 3 filtres importants à connaitre)pour être plus rapide. Sans oublier le processus de perception qui est influencé par l’expérience, l’apprentissage, l’éducation, les souvenirs, et les croyances ancrées en vous.

Donc cette cervelle rose très complexe n’a pas fini de nous surprendre. Comme dirait mon professeur en gestion d’équipes: Il faut Muscler notre Cerveau!

Musclez votre cerveau

J’ai envie d’aborder les 3 filtres qu’utilise le cerveau pour choisir l’information qui arrivera à la conscience, de celle qui ni n’arrivera pas.

Le filtre de la généralisation pousse le cerveau à créer des groupes d’informations pour ne pas avoir à tout analyser au cas par cas. Les Suisses sont riches est une généralisation, ou encore les Français aiment parler d’eux. Si vous vous brulez le doigt en le mettant dans la flamme d’une bougie, la généralisation vous permettra de ne pas devoir essayer toutes les flammes. 😉

Les mots comme : tout, toujours, jamais, rien, uniquement, etc, peuvent vous indiquer que la personne généralise une situation.

La généralisation est nécessaire (apprentissage rapide, compréhension rapide, etc), elle peut devenir négative si elle bloque l’accès à des connaissances qui seraient plus appropriées à une nouvelle situation. À entendre certains, la généralisation c’est le diable en personne.

Le filtre de la distorsion pousse le cerveau à interpréter une observation en fonction de nos expériences passées ou de nos croyances. Si je chuchote à l’oreille d’une personne et que l’on vous regarde tous les 2, il y a de fortes chances que vous pensiez que je parle de vous. Mon chef ne me dit pas bonjour lorsqu’il arrive au travail = il est en colère. Il s’est engueulé avec sa femme, etc.

En résumé, la distorsion, c’est tordre la réalité pour que cela colle avec mes croyances. C’est très fréquent.

Le filtre de la sélection prend les informations qui lui semblent nécessaires dans un certain contexte. Un bel exemple est celui de l’achat. Lorsque vous achetez une nouvelle voiture, vous commencez à la voir partout. Lorsque vous faites attention aux mots de généralisation (tout, toujours, etc) vous les entendez partout. Parce que votre cerveau s’est mis sur le mode sélection.

Le but de connaitre ces 3 filtres, c’est d’aborder la réalité d’une manière subjective. Ce que vous pensez être vrai ne l’est jamais dans l’absolu. Chacun à sa réalité.

Une manière de faire prendre conscience votre interlocuteur de ses filtres est de le confronter à ses filtres.

« Je n’ai jamais rien réussi dans la vie »
« Je vois que tu as appris à marcher, à parler, tu as même passé ton permis de conduire. Qu’as-tu réussi d’autre ? »

Pensez également à lire cet article, qui vous donnera les étapes nécessaires pour virer vos croyances limitantes.

Ces différents filtres donnent naissance à plusieurs biais importants, en voici quelques-uns.

1) L’effet de Halo
2) L’effet de Pygmalion
3) Cercle vicieux et vertueux (théorie X et Y de Douglas McGregor )
4) L’effet de la première impression

De plus, notre cerveau résiste étrangement au changement. Le rejet de certaines informations pouvant compromettre la stabilité du système est parfois violent (Neurocombat livre 1).

La théorie de l’engagement (la soumission librement consentie de Beauvois Et Joule) démontre que plus nous nous engageons dans une voie, ou un choix, plus il est difficile de remettre ce choix en doute.

Cela nous amène à répéter des actions inutiles dans un contexte précis. Sans se remettre en question. Je pense régulièrement aux personnes qui savent qu’elles ont des comportements toxiques pour elles-mêmes, mais qui insistent dans cette direction. Par exemple boire beaucoup trop en soirée, pour espérer plaire et finir seul et ivre. Recommencez sans se remettre en question. Ou les personnes qui se plaignent qu’elles attirent les mauvais individus, mais qui continuent à rencontrer le même genre de type, dans les mêmes endroits et de la même manière. Les gens qui sont malheureux et qui continuent à vivre de la même manière. Je vous laisse continuer la liste par vous-même.

Pour pouvoir apprendre, il faut tout d’abord se rendre compte de sa propre ignorance, c’est ce qu’on appelle la modestie.

Rassurez-vous, si vous êtes ici, c’est que vous faites partie des gens qui se remettent en question.

Le but de cet article est de vous faire prendre du recul sur ce que vous pensez juste et faux.
Cela vous permettra, peut-être, d’accepter plus facilement l’avis des autres. Dans la communication, c’est important. Car comme nous le verrons dans un prochain article… les problèmes de communication naissent souvent de 2 réalités qui se confrontent.

À présent, un exercice pour vous :

Perception et réalité
1) Interprétez le graphique ci-dessus
2) Proposez des explications à la déperdition de l’information. Pourquoi perd-on de l’information ?
3) Proposez des solutions pour réduire la perte de l’information

Musclez votre cerveau!

Source image triangle inversé: BTS MUC Gestion de la relation commerciale 2


Tags

Distorsion de la réalité, Généralisation distorsion sélection, Perception de la réalité dans la communication


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  1. Hey Julien !

    bel article dans la lignée du précédent 🙂

    Lorsque l’on y réfléchit, c’est vrai que ne rien dire, rester de marbre, c’est de la communication car c’est de toute façon interprété. Un peu comme lors d’un deuil (désolée, pas d’autres exemple en tête là) certaines personnes vont crier, pleurer beaucoup en public, ne pourront rien faire alors que d’autres auront l’air de rester « neutre » et sembleront poursuivre leur vie, leurs occupations comme si de rien n’était. On peut alors penser que les premières personnes sont plus sensibles et plus tristes que les secondes alors que cela n’est pas vraiment le cas.

    Cela me fait penser à un truc que j’ai lu, il me semble que c’est dans le livre « Comment se faire des amis » de Dale Carnegie, enfin bref, cela disait de se dire à soi-même, voire à l’autre « tu as sans doute raison de ton point de vue ».

    Les éléments qui jouent sur notre point de vue justement sont énormes et importants en nombre, forcément, il est compliqué d’être d’accord à 100% sur tout avec une autre personne. Pour autant, cela ne veut pas dire que l’un a tord et l’autre raison, comme tu l’écris bien, LA vérité est difficile à trouver, chacun a sa propre vérité. En outre, 2 personnes peuvent se souvenir d’un évènement et le voir différemment, dire par ex : Michel portait un pull bleu et l’autre Michel portait un pull rouge, et dans leur souvenir c’est vrai puisqu’ils le voient comme ça, or si cela se trouve, Michel était en t-shirt vert !

    J’aime bien ta façon de faire ressortir les filtres qui interviennent, et de dire que oui la généralisation des fois c’est pas bien mais en attendant pour beaucoup de choses, c’est bien utile. Tous ces filtres sont en fait présents pour que l’on puisse décider (avoir une réaction physique/verbale) le plus rapidement possible, déjà dans le cas où il faudrait fuir/se battre (reptilien) mais aussi pour que les interactions ne prennent pas 3 ans à chaque fois, bonjour le mal de crâne s’il n’y avait aucun filtre. Cela fait d’ailleurs penser aux filtres auditifs ou de l’odorat, si l’on devait tout entendre ou sentir, pffff.
    Chacun peut faire l’expérience de l’odorat, sens le plus « permissif » pour beaucoup : si on entre dans une pièce, on trouve que ça « sent » (bonne odeur ou mauvaise peu importe, qui interpelle quoi) ben très rapidement on ne va plus se rendre compte de l’odeur, on ne la sentira plus (à moins que ce soit beaucoup trop « fort).

    Ah et puis le schéma en fin d’article, j’adore, bien trouvé c’est très parlant, et là on prend vraiment conscience du gap énorme qu’il peut y avoir entre ce que l’émetteur veut dire et ce que le récepteur en fait.

    Merci pour ce bel article, bonne fin de journée à toi !

  2. Hello Julien et merci pour cet article fort intéressant !

    Première chose, tu as tort ! (non je rigole :P).

    La vraie première chose, est que l’image « réalité » ne fonctionne pas sur mon ordinateur. Au cas ou, je suis sur un macbookpro portable sur le navigateur Chrome…

    Deuxième chose, je suis tout à fait d’accord avec toi étant donné que la réalité n’est qu’un concept inventé par l’homme pour pouvoir faire des actions en groupes et communiquer des informations. Pas plus…

    Si on y pense, si réalité existe, elle ne serait pas limitée à nos 5 sens mais à une infinité. Nos 5 sens ne captent ainsi qu’une partie d’une « réalité » sans pouvoir autant en avoir la globalité. Sans parler des autres biais…

    Connais-tu la métaphore du groupe d’aveugle qui essai de décrire à éléphant ? Chacun touche une partie différente et ainsi chacun croit qu’un éléphant est d’une manière ou d’une autre. Il y a même un poème au début du livre de Mintzberg et al. dessus : Pays en safari stratégique. Pour le citer :

    We are the blind people and strategy formation is our elephant. Since no one has had the vision to see the entire beast, Everyone has grabbed hold of some part or other and « railed on in utter ignorance » about the rest.We certainly do not get an elephant by adding up its parts. An elephant is more than that. Yet to comprehend the
    whole we also need to understand the parts.

    Bref, je m’emporte. Merci encore et à très bientôt !

    Christopher

  3. Salut Marine!

    Et justement, à en entendre certains, juger et prendre des raccourcis c’est le mal. Mais c’est juste notre câblage interne qui est fait de la sorte. J’aime bien juger, provoquer, avoir des défauts de communication, souvent j’en suis conscient, parfois on me le rappelle, mais c’est ce qui fait la beauté de la communication.

    Une prof de communication un peu trop tournée sur la communication non-violente était LISSE. C’est à dire qu’elle parlait pour ne pas choquer, pour ne pas faire de remous. Et donc elle était chiante. Mais ces préjugés que l’on émet, sont autant de points d’accroches pour les gens qui nous écoutent. Des points qui leur permettent de s’identifier à nous, ou pas.

    Essaie de t’amuser avec des amis à tenir une discussion sans les 3 filtres que j’ai cité…

    Sans préjugés et sans raccourcis, la vie serait d’une complication monstre. D’ailleurs on oublie souvent que « l’expérience » est une généralisation.

    😉

    À bientôt.

  4. Christopher, tout à fait d’accord sur nos canaux principaux sont nos 5 sens. Pour ma part je pense qu’il y en a d’autres mais je n’en parlerais pas trop ici car on me prendrait pour un fou 😀 (Teasing?)

    Oui j’avais lu cette histoire sur les aveugles qui tâtent l’éléphant…

    En parlant réalité.. le texte type « blog » est une source énorme d’incompréhension…
    Tout comme les forums et les textes où il y a un temps qui s’écoule entre le moment de l’écriture et le moment de la lecture. De plus… que savons-nous des gens qui nous lisent?

    Et je m’emporte encore un peu: ce qui me fait le plus rire, ce sont les blogueurs qui se censurent pour plaire à des gens qu’ils ne connaissent pas.

    WTF?

    A+ 😉

  5. Tout à fait d’accord avec toi concernant les 5 sens. Je suis justement en train de lire Spinoza dans ma cellule aux murs matelassés 😛

    Je suis comme toi avec cette auto-censure des blogueurs. J’ai souvent lu dans ce milieu le terme prospect au lieu de lecteur. Le but de leur blog n’est que de se faire de l’argent et du coup ils écrivent les plus grosses banalités pour plaire à un maximum. Personnellement, je préfère viser sur la qualité que la quantité et surtout ne pas me sentir censuré… par moi-même.

    a+

  6. Salut Julien !

    la communication non violente est un concept très intéressant à mon sens, mais si on l’emploie constamment, ça casse la personnalité je pense. Il est utile de l’employer à bon escient, pour faire passer un message important, désamorcer un conflit, etc. Après communiquer uniquement en communication non-violente, ça doit demander pas mal de concentration et être un peu chiant oui à la longue ^^.

    Donc je dirai que les raccourcis/généralisations sont indispensables et cela dit, éviter de juger à tout va peut aussi être bénéfique (cf 4 accords Toltèques), on juge trop globalement avec un avis bien arrêté sur tout et rien, souvent à pas vouloir changer de position, c’est un peu dommage, tout comme de mettre les gens dans des petites cases bien définies qui ne se chevauchent pas !

    C’est pertinent lorsqu’il s’agit de se faire vite une idée, en situation d’urgence quoi, après si on peut avoir du recul dessus (la généralisation) c’est bien aussi, d’en faire moins de façon bourrine quoi ^^

    Les aspérités, les particularités de chaque personne, c’est ce qui fait la beauté du monde, ce serait chiant sinon comme tu dis, et c’est aussi grâce à cela que l’on va toucher et entrer en connexion avec certaines personnes plutôt que d’autres.

    @+

  7. Salut Marine!

    CNV = un outil pour une situation précise.

    En parlant de petites cases qui ne se chevauchent pas.. un camarade de cours est venu vers moi et m’a dit  » Tu vois, quand j’ai vu XXX se présenter, je me suis dit qu’il était vraiment trop timide et que travailler avec lui ne va pas être de la tarte.. mais je suis conscient de ça et je vais tout faire pour changer cette première impression et apprendre à le connaître » WOAAA Vraiment inspirant et tout n’est pas perdu. Les gens, une fois qu’ils ont pris conscience d’un truc, ils changent.

    Oui c’est ce que je pensais avec ton commentaire sur mon dernier article par rapport à la phrase « je suis la personne la plus importante », ta manière de le dire, de l’expliquer, et la manière de recevoir le message (côté récepteur) fera que ça colle ou pas.

    Pour ma part… si j’entends cela, je souris et je cherche à en savoir plus… en me disant  » YES! (enfin) »

    Merci!

  8. Super article !

    Je suis carrément d’accord avec toi concernant l’illusion de la réalité.

    Pour diminuer la perte d’information, j’essaye d’adapter mon propos au langage de la personne (ou des personnes) à qui je m’adresse.

    Pas forcément au niveau du style (ça dépend des contextes) mais surtout au niveau du poids des mots dans le référentiel de l’autre.

    L’important dans la conversation n’est pas de dire quoi que ce soit, c’est que l’autre comprenne.

    Et au delà de ça, d’accepter que l’autre ait un point de vue différent (réalité différente) ^^

    Merci pour cet article, je me suis régalé à le lire !

    À très vite

  9. C’est que l’autre comprenne. Génial comme tu le formules. J’ai bien compris ton message 😀

    Un document intéressant à lire (et télécharger ici ) et la psychologie de la communication de Jacques-Emiles Bertrand.

    Ensuite, la communication est bien jolie lorsque tout va bien. Dès que les émotions rentrent en jeu, c’est tout de suite plus difficile de garder en tête que l’autre doit comprendre (autrement qu’en utilisant un gourdin…)

    A+ 😉

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