Lorsqu’on souhaite être un leader et inspirer confiance, il est indispensable de savoir bien parler, de savoir bien argumenter pour convaincre les autres de vous suivre. Déjà avant J.- C (ce bon vieux Jiçé), les hommes étudiaient l’art de bien parler. Ils étudiaient la meilleure manière de construire leur discours tant sur le plan de l’efficacité que sur celui de la beauté. Celui qui maîtrise l’art oratoire s’assure un succès certain. Cela lui permettra entre autre de maintenir une conversation, d’inspirer confiance et de convaincre un auditoire. Cet article nous faisait déjà la démonstration de cet art.
J’effectue en ce moment un travail de recherches qui a pour but d’analyser la rhétorique utilisée dans les débats télévisés. Les informations que j’ai regroupé jusqu’à présent m’ont beaucoup apporté, dans un premier temps, pour mon travail, mais aussi d’un point de vue personnel. Ainsi, j’ai pu découvrir dans Convaincre sans manipuler de Philippe Breton les 4 étapes essentielles pour bien argumenter. J’ai donc eu l’envie de partager ce savoir avec vous, car vous le valez (sûrement) bien !
Mais comment convaincre sans manipuler ?
L’auteur répond à cette question de la manière suivant : convaincre sans manipuler c’est prendre le risque de ne pas réussir à convaincre ! De plus, une personne qui souhaite vous convaincre pourra expliquer exactement la manière dont elle va procéder, alors qu’un manipulateur cachera sa stratégie, car elle n’est pas éthique.
« Le manipulateur cache donc ce qu’il fait ? Oui. [] D’ailleurs si l’on annonce à son interlocuteur « j’ai bien préparé mon entretien », c’est plutôt le signe que l’on fait attention à lui et qu’on le traite avec respect et sérieux. Encore faut-il pouvoir lui répondre avec franchise s’il demande : « Ah bon, et vous avez prévu de faire comment avec moi ? » Celui qui argumente peut dire : « J’ai pensé que vous seriez sensible à tel argument », « je pense que vous être attaché à telle valeur ». Celui qui manipule ne peut pas répondre : « J’ai prévu de synchroniser ma respiration sur la vôtre, mais surtout il ne faut pas que vous vous en rendiez compte pour que ça marche. » Cet exemple révèle une première caractéristique de la manipulation : les techniques employées dans ce contexte ne doivent pas être visible pour l’interlocuteur et tout doit être fait pour les dissimuler. » (Breton, 2015 : 28-29)
Maintenant que l’on a vu ce point, revenons à la rhétorique qui est donc l’art de bien parler, de bien disposer ses arguments. C’est l’art de manier la langue pour fabriquer des discours. Cicéron (106 av. J-C – 43 av. J-C) avait théorisé l’art de bien parler dans son ouvrage « De Inventione Oratoria ». Il mettait en lumière les différentes étapes pour l’élaboration du discours.
- L’invention (recherche d’arguments),
- L’élocution (la rédaction proprement dite)
- La disposition (plan et classement des arguments),
- La mémorisation et l’action (prononciation, débit et attitude)
Philippe Breton explique ce plan dans son ouvrage Convaincre sans manipuler.
L’invention
« La première étape, l’invention, consiste à se demander à qui l’on s’adresse afin de trouver un angle d’approche et des points d’appui, qui soient adaptés. »
Pour l’auteur, il paraît évident pour cette étape d’utiliser son côté empathique afin d’avoir en soi le point de vue d’autrui sur un sujet, et ainsi composer avec cette réalité.
« Qu’est-ce que pense l’autre ? Qui est-il ? Y a-t-il chez lui des points d’appui sur lesquels « accrocher » mon opinion ? »
L’élocution
La deuxième étape consiste à méditer concrètement sur les arguments. « Il s’agit de déterminer avec précision les mots, les tournures et les figures que l’on va employer ».
Cette étape consiste à créer son discours, à choisir les mots et le style de votre intervention.
La disposition
« La troisième étape consiste à organiser la prise de parole dans le temps. Par quoi dois-je commencer, quels arguments doivent être mis au début et quels autres à la fin. »
Il s’agit de penser la répartition et le classement des arguments selon leurs importances. Pensez toujours à utiliser votre argument le plus fort en dernier.
L’action
Enfin, la dernière étape est le discours en lui-même. Celui-ci a deux aspects : la prononciation et le geste. « Quel ton est-il le plus approprié ? ». Il semblerait que le ton et la voix soient les aspects les plus importants. En communication, le langage corporel représente 80% de la communication. Cependant, en rhétorique, ce sont les arguments, le raisonnement qui valide ou non une hypothèse. Effectivement, le langage corporel est important mais dans ce cas, il est un plus, une manière de théâtraliser son propos.
Nous venons de voir les 4 étapes essentielles pour convaincre sans manipuler. Vous verrez que cela vous sera utile pour le travail ainsi que vos relations de tous les jours. De plus, cette manière de convaincre est éthique et respectueuse. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est BIO, mais il y a quelque chose de propre là-dedans. 😉
Petit bonus : La semaine dernière, j’étais avec une amie et nous allions prendre l’escalier pour monter d’un étage. Et, d’une naïveté enfantine, je la regarde et lui dis : « Tu imagines si on ne pouvait pas plier les genoux, ça serait une vraie galère pour les escaliers » ! Nous nous sommes donc attelés pour prouver, de manière empirique, que cela est compliqué. Et effectivement, c’est une galère. Mais qu’est-ce qu’on s’est marré ! Cette petite « infanterie » a rendu notre dynamique très amusante et légère.
A vous ! 😉
Julien Desbois
PS Si le domaine de l’intelligence sociale vous intéresse….