juillet 13

Comment bien communiquer (et pourquoi votre maman avait tort)?

Comment bien communiquer? Cela s’apprend. Ce n’est pas parce que l’on parle tous les jours que l’on est efficace. J’ai également écrit un article sur « comment avoir de la conversation ». Un leader a de la conversation.

« Surveille ton langage »

Dans l’article qui suit, je vous développe un concept qui a fait l’effet d’une bombe lorsque je l’ai découvert. Il parle de votre langage verbal et de vos pensées.

Encore vous vous dites ? Oui. Je trouve que le phrasé est trop souvent oublié, au dépens du langage non verbal qui est plus facilement observable.
Le problème, c’est qu’il existe un mythe qui dit que le 55% du message provient du non verbal, 38% de l’intonation de votre voix et le reste (7%) provient essentiellement des mots. Du contenu du discours. De la sémantique.

Et cette statistique a été largement reprise… Google est votre ami.

Je suis persuadé que les auteurs de ces lignes ont compris que notre psychologue Albert Mehrabian avait relativisé son expérience, mais qu’assez rapidement, des consultants avaient utilisés ses chiffres sans vraiment savoir de quoi ils causaient.

Plus loin, je vous donne une liste de liens dans lesquels vous pourrez voir que la loi « 55/38/7 » est plus un mythe qu’une réalité. Bref.

Je pense qu’on met trop facilement la puissance des mots de côté. Les mots représentent la pensée.

Dans cet article, je veux vous apprendre à surveiller votre langage, et non pas comme votre maman vous l’a appris, mais plutôt d’une manière qui vous permettra de :

Renforcer la puissance de vos mots
– De vous affirmer
– De réduire les risques de confusions dans votre communication avec les autres (et donc de conflits, de perte de temps, et de relation ambiguës.)
D’appendre à mieux communiquer en somme.

Attention, cela prend du temps (tout comme la lecture de cet article, c’est du sérieux là!). Pas de pilule magique à la matrix. Je vais également commencer à travailler ce point durant cet été de manière sérieuse, suivez-moi sur facebook pour voir l’avancée.

Elisa m’a encore fait la remarque que j’essaie trop souvent d’être arrangeant avec mon entourage. C’est fini. Depuis que j’ai établi mes valeurs et mes principes, je m’éloigne de ce besoin.
Beaucoup souhaitent être gentils et appréciés. À mon avis, la qualité d’un leader c’est avant tout d’être honnête. Parce que cela permet de créer un lien de confiance.

Pour mieux travailler avec les autres, il est nécessaire de mieux se comprendre. C’est avéré. Sans se comprendre, le travail prend plus de temps et le résultat est incertain. Vous ne me croyez pas ? Alors, travaillez avec une personne qui ne parle pas du tout le même langage que vous. Je l’ai fait plusieurs fois. Vive les dessins.

« Surveille ton langage » c’est maman qui vous disait souvent ça. Elle pensait bien faire. Le problème c’est qu’à force vous apprenez à masquer ce que vous voulez réellement dire. Vous diminuez la portée de ce que vous souhaitez transmettre. Et cela créer de la confusion chez les autres. Entre ce que vous dites, et ce que vous pensez, il y a incohérence et cette incohérence se ressent. Les humains sont doués pour ressentir ces incohérences. Encore une fois, en tant que leader, être incohérent vous fait perdre des points. Car d’une certaine manière, vous ne vous affirmez pas. Vous avez peur de dire ce que vous voulez vraiment dire. Moi le premier.

La nouvelle solution pour apprendre à mieux communiquer est simple.

Elle consiste à surveiller son langage. Votre langage.

Cela paraît très con, mais c’est très efficace pour comprendre la dissociation que vous pouvez avoir entre ce que vous ressentez, pensez, et ce que vous dites. De mon côté, je cherche à cacher certaines pensées qui peuvent être controversées. Si je fais cela, c’est qu’essentiellement, je suis un être social qui cherche à s’intégrer au groupe et que c’est l’option FACILE que d’adoucir les angles rugueux de mes pensées. C’est facile, mais je perds en communication. Je perds en honnêteté.

Je vais donc surveiller mon langage, mais pas dans le sens « être gentil », mais dans le sens « surveiller la différence entre mes mots et mon ressenti, ma pensée réelle »

Pour que vous puissiez mieux saisir de quoi je parle, parce que je vous imagine sceptique, devant votre écran, abordons maintenant ensemble les distorsions fréquentes. Ensuite, nous verrons comment faire pour travailler sur notre langage (plus loin dans l’article).

Problème de communication N°1: parler pour les autres

Lorsqu’on parle pour les autres, on cherche à diluer la responsabilité de nos propos. On a peur du jugement de notre interlocuteur et de ce qu’il peut penser de nous. Nous nous cachons donc derrière des mots qui veulent beaucoup dire, sans en être toujours conscient (à partir de cet article, je vous promets que cela va changer). En utilisant les mots suivants, je prends de la distance face à ma pensée réelle.

« Les gens font toujours…. »
« Chaque fois que vous êtes dans telle situation… »
« Nous ressentons… »
« Nous avons fait une erreur »
« C’est la nature humaine de…. »
« Le groupe pense que…. »

C’est la sécurité du nombre. En impliquant le « nous » ou le nombre, j’incite à faire penser que mon avis est normal, qu’il est utilisé par tous. Partagé. Qu’il ne peut être remis en cause. Même si je n’ai aucune idée de qui est « nous » ou « les autres ».
Pour prendre la responsabilité de mes pensées et rendre ma communication plus claire et assumée, je vais utiliser, dès aujourd’hui : « Je pense que… » (par exemple)

Problème de communication N°2: déclarations générales

Ces déclarations ne permettent pas l’interlocuteur de suivre ou d’avoir une référence précise à vos propos. À vos mots. Ces déclarations masquent votre position sur un sujet. Elles permettent également de faire de l’omission. Votre interlocuteur se perd si celui-ci ne vous recadre pas en vous posant une question spécifique.

« C’est juste la manière de travailler par ici. »
« Tu ne peux pas faire ça comme ça par ici. »
« Les gens sont comme ça. »
« On ne peut pas discuter avec ces gens-là. »

Problème de communication N°3: les mots qui n’engagent à rien…

La définition des mots provient des gens eux-mêmes et pas du dictionnaire. Je pense ainsi. L’expérience que j’ai vécue m’a prouvé à maintes reprises que le mot respect n’avait pas (du tout) la même signification dans la bouche d’un monsieur X que dans la mienne. Tout comme l’amour. Tout comme l’honnêteté. Dans une conversation, nous ne pouvons pas débattre de la définition de chaque mot. Donc, l’exemple des mots qui suivent empêche votre interlocuteur de savoir réellement ce que vous pensez de la situation :

« Intéressant »
« Différent »
« Curieux »
« Étrange »
« Drôle »

J’ai toujours une phrase qui me fait rire que j’ai entendu il y a quelques années : Un garçon demandait à une fille : « Et tu me trouves comment, physiquement ? »
La fille « Je te trouve gentil »

Apprendre à mieux communiquer

OK, c’est énorme comme exemple, et le message passe très bien dans cet exemple-là. Mais pensez maintenant à remplacer gentil, par différent. Ou étrange. Ou drôle. Difficile à comprendre ce que la fille veut vraiment communiquer. Difficile à comprendre sa pensée.

Quand je dis « c’est intéressant » je masque mon ressenti. Je pourrais dire – j’apprécie, je n’aime pas, j’aimerais en connaître plus- bref, des mots qui ont plus de sens.

Problème de communication N°4: les mots ou les phrases déresponsabilisantes…(nouveau mot)

Ces exemples de mots ou de phrases indiquent clairement la limite de certaines croyances et montrent les schémas de pensées de votre interlocuteur. Ces phrases déresponsabilisantes indiquent également un déni de prendre la responsabilité de ses propos.

« Je ne peux pas »
« Je dois faire »
« Il faut »
« Je devrais »
Etc..

Cela indique que quelque chose est hors de mon contrôle. Qu’un élément se situe derrière ma responsabilité. Cela signifie souvent que je me sens obligé de.

« Je ne peux pas venir » est rarement vrai. Ce qui est vrai est : « J’ai d’autres priorités donc je ne viendrais pas à ton anniversaire ». Mais cela, encore une fois, n’est pas le chemin le plus facile. Pourtant, en agissant de la sorte, vous vous affirmerez, pour de vrai, et les gens vous percevront comme honnêtes. Un oui sera un oui.

En disant « je ne peux pas », je ne prends pas la responsabilité de mes propos, je ne suis donc pas honnête avec vous.
La phrase « je ne sais pas » signifie souvent « je ne veux pas réfléchir plus à propos de ce sujet » ou « je n’aime pas ce sujet »

Problème de communication N°5: utiliser des questions pour faire des déclarations…

Certaines questions sont plus des affirmations qu’autre chose. Regardez :
« Es-tu sur que c’est la bonne chose à faire ? » = « Je pense que tu fais faux »
« Veux-tu vraiment aller dans ce restaurant ? » pourrait signifier : « je ne veux pas aller là. »

En général le récepteur de la question comprendra le message sous-jacent et répondra en fonction de celui-ci.

Problème de communication N°6: minimisation

Certains mots vous permettent de réduire votre prise de position face à un sujet. Cela diminue donc votre responsabilité face à vos propos (encore une fois).

« Parfois »
« Peut-être »
« En sorte »
« J’imagine »
« Je suis peut-être dans le faux, mais… »
Etc.

En utilisant ce genre de mots, vous vous préparez une sortie de secours. Pourquoi ne pas affirmer ce que vous souhaitez réellement exprimer en apprenant à dire « j’ai fait une erreur » ou « je me suis trompé »?

Comment bien communiquer en développant un type de communication efficace

Revenons au mythe « 55/38/7 ». Voici 4 liens pertinents que j’ai trouvé pour que vous puissiez vous faire votre propre idée . Sur internet, croisez vos recherches ;-).

Lien 1
Lien 2
Lien 3
(englais)
Lien 4 Wikipédia

Je le rappelle : vouloir être gentil dans ses propos et masquer ses propres pensées provoque souvent l’effet inverse : les gens sont confus. Les gens ne vous perçoivent pas comme honnête. La relation de confiance est entamée.

Évidemment, tout est contexte et en lisant mes textes vous verrez que j’utilise beaucoup de ces mots que j’ai cités. Je ne vous demande pas d’être parfait, mais avec cet article, j’espère vous faire prendre conscience (tout comme j’ai pris conscience), qu’en tant que leader, les gens n’attendent pas de vous que vous soyez gentil, mais vrai et honnête avant tout. Après, si vous pouvez être honnête ET sympathique, c’est encore mieux.

Voyons donc maintenant ensemble, comment travailler votre communication pour la rendre plus efficace… apprendre à mieux communiquer en somme.

Une communication efficace se met en place lorsque :

1) Vous êtes ouvert à dire ce que vous ressentez
2) Et vous prenez la responsabilité de ce que vous ressentez

C’est-à-dire que vous êtes ouvert à communiquer ce que vous ressentez réellement, ce qui vous passe par la tête (oh mon dieu le travail que j’ai encore à faire).

Vous pouvez, tout comme moi, commencez à utiliser des phrases comme :

« Je remarque que… »
« Je pense que… »
« Je ressens XYZ »
« Mon opinion sur la discussion est que XYZ »

Cela facilite les autres à comprendre ma pensée. Cependant, lorsque je parle des autres, par exemple en disant : « Tu es arrogant », je ne parle pas de ma propre perception. Je parle de la personne. Je vais donc devenir responsable par rapport à ce que je ressens en disant « je trouve que le fait de marcher le menton relevé te donne un air arrogant ». Je prends la responsabilité de ce que je dis.

Vous serez responsable lorsque vous serez conscient qu’il existe un espace entre stimulus et réponse. Et que dans cet espace, vous pourrez choisir de communiquer vos pensées. Vous pourrez choisir comment vous dépenserez votre temps. Vous pourrez choisir avec qui vous passerez du temps. Vous pourrez choisir de quoi vous parlerez. Si vous n’êtes pas conscient de ces choix, vous les cacherez aux autres en utilisant un langage déresponsabilisant par exemple.

C’est pour cette raison que je pense intrinsèquement que les mots utilisés par une personne peuvent vous révéler une masse d’information considérable sur sa manière de penser (aie, je vous vois déjà revoir mes vidéos…). Je reviens encore sur l’exemple 55/38/7. La somme de ces 3 éléments équivaut à 100%. Tant que vous ne prenez pas en compte la sémantique (le phrasé), le message reste incomplet.

4 étapes pour surveiller votre langage, mais pas comme maman et apprendre à mieux communiquer

Apprendre à mieux communiquer

1) Observez-vous parler. Cela demande de la pratique. Pourquoi ne pas vous filmer dans une soirée, ou lorsque vous devez parler en public ? Vous pouvez également raconter votre journée dans un magnétophone et suffisamment longtemps pour oublier ces règles. Puis réécouter le message.

2) Écoutez les autres et faites attention à leur langage. Ceci au travail, mais aussi à la tv, à la radio, ou même en lisant les autres.

3) Refléter : Regardez ceux qui inspirent les autres. Regardez ceux qui ne sont pas de bons orateurs. Pourquoi ?

4) Descendre plus profondément : pourquoi je dis ça ? Qu’est-ce que je pense réellement de la situation ? Dis-je vraiment ce que je pense ? Pourquoi ai-je peur de dire cela ? Quelles sont les conséquences ?

L’important est de se rappeler ceci : lorsque vous observerez votre propre manière de parler, vous pourrez en apprendre plus sur votre manière de penser. Vous pourrez en apprendre plus sur votre manière de choisir et sur votre manière de prendre des responsabilités. Plus vous parlez vrai, et plus vous serez capable de résoudre facilement des conflits, et d’instaurer une relation de confiance avec les gens.

Si cet article vous parle, alors j’ai tourné une vidéo (sur le même sujet) pour vous, disponible ici.

PS rédiger cet article (recherche, mise en page, création du texte, relecture) m’a pris 3 heures. Je n’aurais jamais commencé aujourd’hui si j’avais su le temps que cela m’aurait pris. Commencer même pour quelques minutes est une technique anti-procrastination. Je donne des astuces privées pour les membres de la newsletter.

Source: http://www.asso-elementhumain.org/sites/default/files/US%20paper%20-%20Watch%20your%20language%20-%20E%20Schutz%20-%202009%2008%20.pdf


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Apprendre à mieux communiquer, parler clairement, problème communication


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  1. Et pour ceux qui veulent découvrir d’autres manières pour apprendre à mieux communiquer, je vous invite à suivre ces liens…

    Le blog de Julien
    Le site cygnification

    Bonne lecture 😉

  2. Merci Julien pour la citation (mon site s’écrit Cygnification 😉 )

    Bon déjà, je vais commencer par le positif, c’est cool que tu relativises les chiffres de Mehrabian. En effet, beaucoup parlent à tort et à travers de ces chiffres, sans savoir de quoi ils parlent. C’est le petit baromètre que je conseille à mes lecteurs pour reconnaitre les « faux experts ».

    Par contre, je suis assez deçu de tes sources pour le coup. Un site très sérieux et scientifique aurait pu t’épargner quelques liens : http://www.la-communication-non-verbale.com/2013/02/le-verbal-le-para-verbal-et-le-non-verbal-que-penser-des-chiffres-de-mehrabian.html

    Si tu veux, on pourrait en parler par skype un de ces 4, ça pourrait être sympa 🙂

  3. Article que je trouve très enrichissant, effectivement tu dénonces pas mal de défauts que j’ai et que j’ignorais avoir.
    De plus je ne pouvais même pas imaginer qu’il était possible que cela ais un effet négatif.
    Comme tu dis c’est du lourd cette fois je mettrais plus de temps à comprendre ta leçon et à l’intégrer dans ma communication verbal.

    « La nouvelle solution est simple pour apprendre à mieux communiquer est simple. »
    Il y a pas un problème là ?

  4. Merci pour la mention également.

    Mon site n’est pas spécialisé sur la communication, mais il y a effectivement quelques bonnes ressources intemporelles, que j’ai écris sur le sujet.

    C’est tellement important de bien communiquer pour réussir sa vie… Après tout, on ne reçois que ce que l’on communique. 😉

    Je crois —je suis sur même— que le blog de Xavier saura mieux répondre à la problématique.

  5. Avec plaisir!

    De quels liens en particulier parles-tu?

    C’est noté pour le skype 😉

  6. Yes! Merci.

    Le truc c’est que ces « défauts » sont très présents et je pense que vouloir à tout prix les éradiquer à 100% n’a pas vraiment de sens. Mais en prendre conscience pour se dire « est-ce vraiment ce que je voulais dire? » permet d’améliorer sensiblement sa manière de communiquer.

    Affirmatif. Il y a un problème 😉 Merci!

  7. Ok derien et je ne tiendrais donc pas compte des prochaines coquilles :).
  8. Slt Julien,

    comme chaque fois, cet « exellent » tu observes, relève des questions et tu transmets avec ta personnalité et tu me fais toujours autant rire…. j’adore
    Parler positif, être authentique, avoir des valeurs, prendre la responsabilité de sa vie est plus confortable.
    Transmettre est le propre de l’homme, de la femme qui n’a plus peur, qui aime.
    Bravo
    Merci pour le temps que tu consacres
    Je te souhaite une belle journée

  9. Salut Lam,

    Merci pour ton commentaire, cela me fait plaisir de voir que mes articles te parlent. Et de plus, je vois que tu vas piocher dans mes anciens articles. Génial!

    Oui transmettre est propre à l’Homme. Stephen Covey affirme que le bonheur est atteint lorsque 4 éléments sont réunis: vivre, aimer, apprendre, transmettre. Je suis d’accord avec lui!

    Si tu as des questions ou des éléments qui ne sont pas clairs (que j’ai mal transmis), fait le moi savoir 🙂

    Bonne journée (soirée) à toi!

  10. merci pour ce partage, cet appétit d’avancer positivement avec les autres
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